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Congo :

Au Parc de la Rwindi - 1



Première visite : accompagné

C'est fin octobre 1990 que Renato m'a invité à l'accompagner avec ses enfants pour ma première sortie en brousse, au Parc de la Rwindi (du nom de l'importante rivière qui le traverse).



La Rwindi

Celui-ci est une partie de l'immense Parc National des Virunga ("volcan" en swahili) qui couvre plus de 8000 km² (un tiers de la Belgique !).

Créé en 1925 et dénommé "Parc National Albert" (le premier Parc en Afrique), il avait pour objectif la protection des -déjà- rares gorilles de montagne (voir ma page "gorilles").

Il a ensuite été étendu pour protéger la zone actuelle, au Nord de Goma, bordant le Rwanda et l'Ouganda, incluant le très grand Lac Edouard (ex Lac Albert puis Lac Idi Amin), le Mont Ruwenzori et trois des volcans de la région (Nyaragongo, Nyamulagira et Karisimbi).  L'altitude du Parc varie de 800m à plus de 5000m !  Il a été déclaré Patrimoine Mondial.

En 1989 on y a recensé plus de 200 espèces de mammifères (dont une vingtaine menacées d'extinction), plus de 700 espèces d'oiseaux,...  C'est dire la richesse du Parc !

Malheureusement, je dois dire que j'ai assisté à une partie de son déclin pendant mon séjour au Kivu. Celui-ci avait commencé bien plus tôt et s'est poursuivi, surtout en 1994 avec l'afflux de plus d'un million de réfugiés du Rwanda, qui se sont nourris des animaux du Parc et ont décimé les forêts (10 000 m³ de bois utilisé chaque jour !)



Pendant mon séjour aussi, le Parc a connu une période sombre...  Les émeutes, la guerre civile et l'insécurité générale empêchaient les touristes d'y arriver et donc de fournir l'argent nécessaire à sa préservation.  Les infrastructures n'étaient plus entretenues, les gardes n'étaient plus payés et les règlements étaient contournables contre monnaie sonnante.  Causes naturelles aussi : une épidémie de maladie du charbon a décimé plus de 8000 hippopotames (un tiers de la population du Parc) : fin 1990, nous nous baladions avec un mouchoir sur la figure à cause de l'odeur des cadavres !



Même les coopérants de la CEE qui y effectuaient un excellent boulot dans des conditions difficiles (même s'ils étaient bien installés) ont dû quitter les lieux un peu plus tard.

Quant à la route, j'en parlerai plus loin ;)

Mais il faut bien dire aussi que tous ces éléments m'ont égoïstement bien servi : cette désertion des touristes et le laisser-aller qui prévalait m'ont permis de "profiter" du Parc comme nulle part ailleurs, m'offrant une expérience beaucoup plus proche de la nature sauvage, de la brousse, de la jungle avec l'excitation et le danger qu'elles comportent.

Pas étonnant que j'aie été tellement déçu du Kenya ensuite, avec ses Parcs organisés, presque aseptisés, bourrés de touristes...

Les coopérants de la CEE sont bien installés !


Chez Rolf, coopérant CEE

Mais revenons à "notre mouton", comme disent mes profs vietnamiens ;)

Je suis donc arrivé pour cette première visite de la Rwindi dans le 4x4 climatisé de mon ami Renato, et nous avons été bien accueillis dans les chalets de Rolf et Shwartz, deux coopérants de la CEE.

Peut-on rêver mieux ?  Nous avons passé une très bonne soirée avec eux, en écoutant Chris Rea en plein milieu de la vallée de la Rwindi !

Il faut se lever tôt ?  Pas de problème, je suis debout avant tout le monde à cause du bruit.  Je pense que c'était un hippo à ma porte, les autres me disent que c'était un lion.



"Cela vaut mieux d'ailleurs" me disent-ils.  Pourquoi ?  "C'est moins salissant."

Et ils me racontent l'histoire d'une touriste logeant à l'hôtel de la Rwindi, qui le matin a ouvert la porte de son petit bungalow en entendant du bruit.  Elle se serait trouvée face au derrière d'un hippo, qui n'aurait rien trouvé de plus amusant que de faire ses gros besoins à l'instant.  Comme les hippos font tourner leur petite queue en ce faisant pour éparpiller la matière (ce point est véridique, je l'ai vu), la dame et sa chambre auraient été couvertes de bouse d'hippo.

Une de ces fables pour les nouveaux ?  Personnellement j'ai tendance à y croire, ayant vécu là-bas...

Peu importe, ce qui compte est de savoir que les visiteurs à quatre pattes sont nombreux à l'hôtel et dans les chalets, et j'ai même eu un babouin dans ma chambre.  Il est parti avec ma boîte de films photos vierges !



Mais je m'égare à nouveau...

Première constatation : le paysage est superbe !



La vue depuis mon chalet vers 6h du matin



Le temps de prendre un solide petit déjeuner et nous voilà partis.  Avant d'aller pêcher, Renato m'offre un tour sur quelques pistes avoisinantes pour que je ne limite pas ma première visite aux poissons de la Rwindi.

Ca commence fort !

Très rapidement nous tombons sur un groupe de lions qui termine son petit déjeuner.

Je ne connaissais que les lions du Zoo d'Anvers.

Aujourd'hui c'est moi qui suis en cage (dans la voiture) à moins de deux mètres d'une famille de lions qui me regardent paisiblement en grignotant.

La sieste digestive...  A 7 heures du matin.


Miam !

Toutes les vitres sont ouvertes.  Je pourrais presque les toucher.  Le garde qui nous accompagne a sorti son fusil (au cas où) et moi mon appareil photo (mon bon vieux Pentax A-1 manuel).  Je mitraille au 50 mm (pas de zoom), le garde ne mitraille rien (heureusement).

La proie est presque entièrement dévorée, ce sont maintenant les lionnes et les lionceaux qui se régalent.

 Il y a du sang partout, les entrailles sont béantes.

C'est tellement beau...

Tellement vrai...



Cela fait deux mois que je suis au Zaïre, et j'ai l'impression d'enfin débarquer, de trouver ce que je suis venu y chercher :

La Nature.

Encore un sentiment impossible à décrire dans ces pages...

Je pourrais (voudrais) rester là toute la journée, mais les enfants sont impatients et Renato aussi : il connaît tout cela depuis des années, et il est venu pour pêcher, après tout !

Nous reprenons la piste.

C'est à moi !


Les m'toto ("jeunes") que nous avons engagés pour nous aider lors de la pêche s'impatientent aussi d'ailleurs, coincés à l'arrière du Pajero avec tout le matériel.

En chemin, nous croisons des taureaux, libre de courir dans les vastes plaines de la vallée, ou obligés de fuir un prédateur...

J'ai déjà commencé à me moquer du Zoo d'Anvers, malgré ses qualités...



Au passage, notons que tous ne courent pas :

Ce buffle a d'autres goûts que ses congénères.

Et vous croyiez que l'homme avait inventé la thalassothérapie et les bains de boue ?

Ce traitement et l'aide d'un pique-boeuf valent tout l'or du monde pour une proie bovine de la Rwindi !

C'est aussi une jolie robe à photographier ;)

Oh, babe !


Nous ferons ainsi d'innombrables rencontres au long des deux ou trois pistes que nous avons prises comme détours pour arriver à l'endroit de pêche.

Le Parc comprenait alors encore de nombreuses de ces pistes plus ou moins balisées et partant en boucle de la piste principale.

En principe, les visiteurs sont accompagnés d'un garde dans leur véhicule et ne doivent pas quitter les pistes.

En principe.



Ah, les hippos...

De braves grosses vaches ?

Que nenni non point.  Evitez-les comme la peste à l'aube et au crépuscule, lorsqu'ils entrent ou sortent de l'eau.  Ils suivent alors les chemins qu'ils ont "creusés" au fil des ans dans la savane et se comportent comme des bulldozers grincheux.

Plusieurs y ont laissé leur peau...

Comme des gamins dans la pataugeoire...


"Ben oui, j'me suis battu,
j'ai une oreille en moins,
ça n'empêche pas d'apprécier
la vie, non ?"

Mais lorsqu'ils sont dans l'eau, et vu qu'ils n'aiment pas trop en bouger, ils sont presque inoffensifs.

On les comprend : bouger trois tonnes de viande dans la chaleur de la journée...

Ils s'ébattent (et se battent aussi parfois) toute la journée dans les lacs et les cours d'eau et représentent un des atouts du Parc, puisque c'est ici à la Rwindi qu'on en trouve (trouvait) la population la plus dense d'Afrique.

Mais de 23 000 en 1989, il n'en resterait qu'environ 1500 aujourd'hui, tués principalement dit-on par les Mai Mai et les Interhamwe...  Il faut dire qu'à 10 dollars la tête au marché local (3 dollars l'antilope)...



Bon, continuons notre route,
Renato est impatient de lancer ses lignes.

Ooops !  Stooop !

Un des deux éléphants solitaires de Vitshumbi.

Les mâles solitaires sont très vindicatifs.

Un duel virtuel s'engage entre la voiture et le plus gros mammifère terrestre : quand celui-ci charge, la voiture recule, et inversément.  Le jeu est dangereux : si le moteur cale, si l'on rencontre un trou, l'éléphant détruirait l'intruse métallique.

Il y avait environ 3000 éléphants à la Rwindi en 1960.  Il n'en restait plus que 500 en 1990.  Combien après 1994 ?

Woops !
Excusez-nous, m'sieur, on ne fait que passer !


Bon, il est temps d'aller pêcher !

La suite sur cette page...







Page créée le 3 juin 2001 -  Mise à jour le 3 juin 2001

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