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Congo :

Les gorilles de montagne





Rugabo, aussi appelé "Marcel"

Gorilla gorilla beringei

Est son nom scientifique.

Vous avez (re)découvert le gorille de montagne grâce au superbe film "Gorilles dans la brume" avec Sigourney Weaver jouant le rôle de Dian Fossey.

Cette femme extraordinaire a vécu près de 18 ans avec les gorilles dans ce petit bout de jungle tropicale sur la montagne, côté rwandais, à la frontière avec le Zaïre et l'Ouganda.

Par son travail et le soutien qu'elle a reçu, elle y avait créé le centre de recherche de Karisoke.



C'est là aussi qu'elle a été assassinée le 26 décembre 1985, de six coups de machette à la tête, peut-être par des braconniers contre lesquels elle luttait ouvertement.  Elle a été enterrée à Karisoke, près du cimetière des gorilles.

Cette primatologue de renom nous a laissé ses travaux exceptionnels, a rangé au placard des fictions l'image de King Kong, et a inspiré depuis longtemps les efforts de protection de cet animal qui est sans doute l'un de nos plus proches cousins.

La Fondation Dian Fossey continue ses efforts pour la protection des gorilles, vous pouvez même en adopter un !  Sigourney Weaver en est Présidente d'honneur.
Cliquez ici pour visiter leur site (en anglais).



Parlons un peu des gorilles



En 1989, on recensait environ 600 gorilles de montagne dans la région, dont 325 du côté zaïrois, où je suis allé.  On en comptait moins de la moitié en 1980, preuve que les programmes de protection fonctionnaient bien.

Les gorilles de plaine sont beaucoup plus nombreux ( 50 000 environ ?) et ce sont ceux-là uniquement qu'on peut observer dans quelques zoos.

Les gorilles de montagne vivent en groupes de 5 à 30 individus, menés par un mâle dominant qui en est le chef absolu.  Il peut atteindre 2 m de haut et peser plus de 250 kg.  Le mâle dominant et les autres mâles de plus de 11 ou 12 ans (leur durée de vie est de 20 à 40 ans) sont reconnaissables à leur dos argenté ("Silverback").

Très puissant, le gorille est cependant très peu belliqueux, si on le respecte.

Même de dos, il est dominant !


Il est polygame et sa famille peut être vraiment étendue !  Les femelles peuvent avoir 5 ou 6 bébés, un tous les 4 ans environ.  Elles sont plus petites d'une trentaine de centimètres que les mâles, et leur statut social dépend de leur ordre d'arrivée dans la famille.

Oui, j'ai bien dit "statut social" car les gorilles ont une véritable vie sociale et de vrais sentiments, tels que les a décrits Dian Fossey : pas si "bêtes", les gorilles !



"Tu viens jouer ?"

Pendant la journée, le groupe se promène, les jeunes gorilles jouent avec une certaine indépendance (ce sont les seuls à grimper aux arbres), et tous se régalent de quantités de végétaux, principalement des fruits et des coeurs de bambous (une trentaine de kg en tout chaque jour pour un adulte !)

En début de soirée, chacun confectionne son nid  avec des branchages et des feuilles, même les jeunes.  Il font un nouveau nid chaque jour puisqu'ils se déplacent beaucoup.



Génocide : les gorilles aussi

Malheureusement, puisqu'il faut bien en parler, l'exode des réfugiés rwandais après 1994 a été une catastrophe pour les gorilles également.

Quatre mâles à dos argentés, dont Rugabo (photos de cette page) Salama et Luwawa ont été assassinés.

Le mot est juste, puisqu'on a retrouvé leurs corps avec une balle en plein coeur !



  Leurs corps étaient intacts, mais on a également retrouvé le crâne d'un autre mâle dominant (Mahehe ?) en 1995 au marché, vendu par un braconnier pour quelques dizaines de dollars !

Or les observations scientifiques précédentes montrent qu'à la mort du mâle dominant, si un autre mâle ne peut assurer la cohésion et la protection du groupe, celui-ci se disperse et les gorilles rejoignent d'autres familles.  Les jeunes sont alors parfois tués par le nouveau mâle dominant afin d'amener les femelles à assurer sa propre descendance.



Combien parmi les gorilles présentés ici sont encore en vie ?

Cette page pourrait presque servir, bien malgré moi, de mémorial.

Mentionnons aussi que des touristes allant visiter les gorilles
ont été assassinés à coups de machettes (1999 ?) !



Quant à moi, humblement...

En 1991, nous ne pensions absolument pas à tout cela.  Seul comptait le souvenir de Dian Fossey, qui avait encore quelques amis à Goma, et la perspective de rencontrer, face à face dans la nature, les fameux gorilles.  Il nous fallait bien cela, d'ailleurs, pour nous pousser à affronter les difficultés d'aller leur rendre visite !

Je suis allé voir les gorilles trois fois en 1991.  Lorsque j'y suis allé pour la deuxième fois, c'était avec ma mère et je ne savais pas si elle apprécierait la balade : la première fois, il avait fallu marcher pendant près de trois heures dans la forêt tropicale, en montagne, en s'ouvrant un chemin à la machette, et c'était vraiment épuisant.

Parlons un peu du deuxième voyage :
nous sommes partis de la Rwindi (voir la page "Rwindi-3"), puis...



La route



Jusqu'à Rutshuru, vous en savez ce que je vous ai déjà dit dans les pages précédentes : mauvaise piste, mais même un camion arrive à passer s'il est prudent.  A Rutshuru, il faut bifurquer et prendre une autre piste vers la montagne.  C'est là que tout se complique.

Mais d'abord, soyons prévoyant : à Djomba, il y a un gîte en bois, mais pas d'hôtel ni de restaurant.  Passons donc au marché : des bananes, quelques légumes, et deux poulets.  Attachons-leur les pattes (ben oui, ils sont vivants, bien sûr !) et mettons-les à l'arrière de la Jeep.

Reprenons la piste : il ne reste que 27 km, ça ne devrait pas être trop long, et nous sommes seulement en début d'après-midi.

Naïf.

Nous sommes arrivés le soir, et sans traîner pourtant !  Cette piste est la plus infâme que j'aie jamais vue, une alternance d'océans de boue à traverser, de rochers à escalader, de gués à passer...

Le tout avec deux poulets qui caquètent désespérément dans nos dos douloureux !

Ce jour-là nous devions être une vingtaine de personnes à aller à Djomba, dans sept véhicules.

Trois seulement sont arrivés (les autres ayant "cassé" ou ayant dû renoncer) : moi et maman dans ma Jeep Willys (encore plus adorée depuis ce jour), un expat' de Kinshasa avec son fils dans...une fourgonnette VW (personne n'a jamais compris comment ils sont passés, ni comment ils sont rentrés), et trois Suisses.

Ceux-là étaient partis de Suisse pour rejoindre le Cap en Land Rover, et sur ce "petit bout de piste de rien du tout", ils ont cassé le joint de culasse et plusieurs amortisseurs !



Djomba



Arrivés en bas de la dernière colline, il faut abandonner la Jeep et grimper à pied.  Heureusement, il y a une foule de M'totos qui vont nous aider à porter les sacs, les provisions et le frigo-box puisque bien sûr on ne peut rien laisser dans la Jeep à part les Jerrycans qui sont bien cadenassés.  Quelle montée !

Sur la photo à gauche, vous voyez ma tête à l'arrivée.

On s'installe dans les chambres communes, on confie les poulets et les légumes à un M'toto qui va préparer le tout.

Il fait déjà nuit, et il ne faudra pas se coucher trop tard : départ à 6h du matin avec les gardes pour chercher les gorilles, qui pourraient être très loin.

Mais ce n'est pas une raison pour ne pas s'amuser non plus.



Maman, moi et les autres hôtes de ce gîte en bois nous sommes rapidement trouvés très sympathiques, surtout après avoir partagé nos provisions puisqu'ils n'avaient pas été très prévoyants au niveau de la nourriture...



Au menu (de mémoire) :

Poulets, légumes, pain et petites bananes
achetés à Rutshuru par Pierre et Anne-Marie ;

Légumes en conserve
apportés par l'Expat' de Kin et son fils ;

Tablettes de chocolat
retrouvées dans le fond du sac à dos
d'un des trois Suisses !

Le tout arrosé de bière Primus
apportée par les différents hôtes.

Quelle soirée, mes amis !

Au premier plan, deux des trois Suisses.
Deuxième plan : l'expat' de Kinshasa et son fils.
Derrière : l'auteure de l'auteur de ces pages !


Après une bonne nuit dans les vieux lits, nous voilà debouts avant l'aube.  Il reste du pain et du chocolat pour le petit déjeuner, et on se rafraîchit un peu avec l'eau de pluie du tonneau à l'extérieur. Quoique de toute façon nos vêtements tiennent debout tout seuls...

Le jour se lève et le paysage est grandiose...

Mais déjà il faut partir car on ne sait pas encore combien de temps nous devrons marcher pour trouver une famille de gorilles, ceux-ci pouvant parcourir plus de dix kilomètres chaque jour.



Une longue marche à la machette dans la jungle ?



Non, pas cette fois-ci.  La famille de Rugabo est à cent mètres derrière le gîte !  Alors ça...  Le garde nous répète rapidement les consignes de base :

(1) Un gorille se frappe la poitrine pour indiquer son inquiétude et pour impressionner.

(2) Lorsqu'un gorille attaque, il ne frappe pas la poitrine de sa victime.  Il ne la mord pas non plus.

Il charge, et si la "victime" ne bouge pas, il s'arrête, juste à temps.  Je l'ai vécu, et c'est indescriptible.  Il peut s'arrêter à quelques centimètres de votre nez !



Si par contre la "victime" s'enfuit ou se montre agressive, il l'attrape par un bras ou une jambe, et la traîne en courant dans la forêt, ce qui a plus ou moins le même résultat.

(3) Pour éviter (1) et (2) : il faut se montrer "soumis".

"Soumis" ?

Hé oui.

Rapidement, on se retrouve en plein milieu du groupe de gorilles.  Il faut s'asseoir ou se coucher par terre, ne pas regarder les gorilles dans les yeux avec insistance, et si un des mâles vient, il faut baisser la tête.

C'est aussi simple que ça !



Enfin, simple...  Il y a des touristes qui ne s'y font pas.

Il faut dire que quand un gorille de 250 kg vient vous tapoter l'épaule ou vous épouiller les cheveux, il est assez difficile de rester tranquille.

Mais précisons-le encore : le gorille n'est pas agressif et utilise rarement sa force pour se battre.  Il ne fera que se défendre ou défendre sa famille.  Il ne défendra même pas "son" territoire : lorsque deux familles se rencontrent, en général elles s'évitent ou font semblant de s'ignorer !

Les gardes sont armés, mais à ma connaissance il n'ont jamais dû se servir de leur fusils sauf contre les braconniers.

Un incident avec un touriste ne serait d'ailleurs pas facile à gérer pour eux : ils doivent en même temps protéger les gorilles qui sont très rares, et les touristes qui financent la protection des gorilles en payant la visite !

Maman !  Y'a un blanc qui
m'regarde dans les yeux !


Ron...  Zzz...

La mission des gardes ne s'arrête pas là : 

- Il faut lutter contre les braconniers et autres menaces pour les gorilles ;

- Lorsqu'il n'y a pas de visiteurs, il faut tout de même aller voir les gorilles, non seulement pour savoir où ils sont et assurer leur protection, mais aussi pour maintenir leur habitude d'avoir de la visite.

C'est ainsi que tout en vivant librement dans ces forêts complètement sauvages, les gorilles du Kivu ne rechignent pas à recevoir de la visite.



L'autre visiteur à qui j'avais confié mon appareil a raté la photo, mais j'ai même eu un jeune gorille dans mes bras, m'épouillant les cheveux sous l'oeil bienveillant de Rugabo !

Une autre fois c'est Rugabo lui-même qui en passant devant moi, s'est arrêté pour tâter ma chemise, l'air de dire "drôle de fourrure, toi !"

Là non plus, pas de photo : vous n'auriez vu que des poils noirs en gros plan !

Il faut bien entendu faire très attention, surtout avec les bébés et les jeunes gorilles qui sont curieux et souvent téméraires.

Ils viennent facilement "jouer" avec vous, mais sont surveillés de près par les adultes : il faut donc les laisser faire sans participer à leur joie de vous tirer les cheveux, de vous pincer, de fouiller vos poches...  Ce n'est pas toujours facile !



Rugabo, libre, vivant, heureux en 1991.

Cela dit, ils ne sont pas "violents" ou brusques, ils ne vous sauteront pas dessus, et ne sont pas voleurs comme les babouins.

Il est d'ailleurs étonnant au premier abord de voir que ces animaux si puissants sont aussi calmes.  Ils rappellent en cela de nombreux autres grands maîtres du royaume animal : lions, éléphants...

Après tout, quand la Force est avec soi, pas besoin de la montrer, pas vrai ?  Et autant l'économiser pour les occasions qui en valent vraiment la peine.



Mentionnons enfin que les contacts trop rapprochés ne sont pas conseillés pour les gorilles, car plus de 150 virus et maladies humaines, dont la simple grippe, peuvent les rendre gravement malades ou les tuer.  Ajoutez à cela les collets posés par les paysans (pour attraper des antilopes), les braconniers, la destruction de la forêt...



Les gorilles ont besoin d'aide !

Et n'oubliez pas l'guide, s'i'ou plaît !



Ces trois visites aux gorilles de montagne furent mes expériences les plus fortes,
les plus marquantes.



Sites à visiter pour en savoir plus :


Incontournable, le site de la Fondation Dian Fossey (en anglais)

Très complet, avec une documentation sérieuse, une boutique pour soutenir leur action de protection
(vous pouvez même adopter un gorille !) et, en prime, une section "enfants" avec des jeux !

Une association française de protection des gorilles


ECOFAC

Montre bien que le génocide rwandais n'a malheureusement pas touché
que des centaines de milliers d'hommes.




Page créée le 16 juin 2001 -  Mise à jour le 23 juillet 2004

©opyright 1997-2007 Pierre Gieling - tous droits réservés


 
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