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Vietnam :

En pirogue dans les arroyos !



(1997-1999)



Une des grandes (et des seules) attractions dans le Delta du Mékong est le Delta lui-même : les neuf bras du grand fleuve se ramifient et s'alimentent en un réseau inextricable de rivières et d'arroyos, de petits canaux et de plaines inondées, dont l'étendue varie d'heure en heure et de saison en saison selon les caprices du fleuve et des marées que celui-ci rencontre à son embouchure (le Mékong inverse son flux deux fois par an - le courant remonte alors vers l'amont).

Il serait assez fou de vouloir visiter le Delta à pied, on loue donc une pirogue à moteur avec son pilote et un guide qui connaît bien la région.



J'avais la chance de vivre sur place et donc de connaître plusieurs guides et pilotes, et la volonté de me réfugier dans les arroyos de temps en temps pour me reposer du bruit et de l'agitation de la ville.

En partant tôt le matin, au lever du jour, on bénéficie d'une lumière extraordinaire et de rencontres sympathiques avec les gens qui partent travailler.

Ici il faudrait dire "pirogue-vélo-boulot-dodo" plutôt que de parler de métro, hmm ?



Mais le Delta n'est pas une cité-dortoir d'où les habitants sortent tous pour aller travailler en ville, bien au contraire.

La plupart y vivent et en vivent.

On y trouve donc tous les secteurs d'activité, installés sur des petits coins de terre ferme, sur pilotis, sur maisons flottantes et sur bateaux.

Même des agriculteurs, comme sur cette photo !



On y trouve des bureaux de poste, la police, des cliniques et des écoles auxquelles les élèves se rendent en pirogue ou en bateau-bus.

Les commerces sont flottants aussi et se déplacent de maison en maison, de bateau en bateau...

Souvent avec difficulté car la profondeur peut varier, au même endroit, de deux mètres à 20 centimètres environ (d'après mes constatations) plusieurs fois par jour.




"Si le magasin ne vient pas à toi, tu iras au magasin..."


C'est là qu'interviennent les marchés flottants, accessibles uniquement en bateau.

Le grand marché flottant est composé de gros bateaux grossistes, dont l'enseigne est le produit vendu (bananes par exemple) attaché en haut d'une perche.

Tout autour, gravitent les pirogues des plus petits commerces et celles des clients ; c'est un ballet aquatique de centaines d'embarcations créant un embouteillage digne des grandes villes européennes.



Et juste à côté du grand marché flottant se trouve le grand marché terrestre : on accoste, on fait ses courses, puis on repart (après avoir dégagé sa pirogue du "parking").

Sans compter les innombrables petits marchés flottants improvisés : une pirogue "client" accoste une pirogue "vendeur" dans un arroyo, puis une deuxième pirogue "vendeur" s'y joint pour proposer ses marchandises, etc. Assez rapidement se crée un mini-marché qui durera une heure ou deux...




L'eau

Est la base de la vie ici plus que nulle part ailleurs. On vit dessus et on en vit.

Les grands canaux sont des autoroutes où les bateaux débordent de marchandises, à tel point que souvent ils coulent et doivent alors être signalés comme "écueils" au moyen de perches, à peine visibles d'ailleurs.

J'ai vu de nombreux bateaux circuler tellement chargés qu'il prenaient l'eau en permanence par dessus bord, trois ou quatre gamins étant chargés d'écoper en permanence : le gain de marchandise surpasse le coût de la main d'oeuvre (salaire de base : 1 dollar par jour)...



L'eau du Delta sert à tout. On y lave ses légumes, on l'utilise pour la cuisine, on y lave sa vaisselle, on y fait ses besoins, on s'y baigne et on s'y lave.

Il n'est pas rare lors d'une balade d'observer 4 ou 5 personnes faisant tout cela en même temps à quelques mètres de distance dans le même arroyo.

Il n'y a que pour la boisson que l'eau est d'abord recueillie puis bouillie, avec les moyens du bord, avant d'être bue dans un verre...lavé dans l'arroyo.



Même près des villes, dans les bidonvilles au bord des arroyos, l'eau est utilisée de la même façon.

Mais je suppose que les Vietnamiens de cette région sont absolument blindés contre le manque d'hygiène alimentaire ;)

S'ils ne comprennent d'ailleurs pas toujours que nous, occidentaux, faisions tant de "chichis" lorsqu'ils nous présentent un verre (ébréché et crasseux) de thé vert froid, les habitants de cette région ne s'en offusquent généralement pas et sont très sympathiques et accueillants.

Cela va du nombre incroyable de "Hello !" (auxquels je réponds invariablement en français ou en vietnamien ;)) lorsqu'on passe près d'eux à l'invitation à manger, voire dormir.





Cela n'en rend la balade que plus agréable, en plus des petites surprises que l'on découvre au détour d'un arroyo ou d'un autre...

Comme cette "chapelle" au milieu de nulle part, abritée par un arbre magnifique...



Ou comme ces deux soeurs qui s'épouillent mutuellement lors d'une pause...



Comme ces touristes souriant béatement...;)



Tandis que d'autres, malgré leur jeune âge, pagaient pendant que maman est assise et compte l'argent gagné au marché...




Il est midi : faisons une pause !

On s'arrête donc assez loin, au bout d'un petit arroyo qui disparaît sous la végétation.

On accoste à travers trois mètres de boue, on grimpe...

Un verger !

Une petite maison, une famille très accueillante...

Madame se met aux fourneaux pendant que nous visitons le verger "sauvage" sans clôture, sans ordonnance...

Mais dont les dizaines de sortes de fruits sont superbes !



Voici le propriétaire du verger. Il n'a l'air de rien comme ça, hmm ?

Juste un petit paysan qui gère son verger et distille son alcool de fruits, qu'il vend dans des vieilles bouteilles de Cognac, hmm ?

Ne vous fiez pas aux apparences : discutez un peu avec lui.

Après le départ des Français, il fut chef-mécanicien pour les avions des Américains, qui l'avaient envoyé compléter sa formation aux USA et lui ont construit cette maison.

Après le départ des Américains, il n'a pu que se réfugier dans son verger et se faire tout petit... Il y est resté.

On le comprend d'ailleurs : il suffit de goûter la cuisine de sa femme, sur la terrasse à l'ombre des goyaviers, tout en taquinant Mai le singe et Rang le serpent...



Mon pilote aime chanter quand il a quelques verres dans le coco, et ma guide et amie aime gratter les cordes de cet instrument bizarre... Ambiance !

On est bien, on se laisse aller...

On ne peut refuser les multiples toasts "100%" à l'alcool de fruits dont les bouteilles défilent...

Oui mais voilà : les asiatiques, par manque d'une enzyme dans le foie, supportent très mal l'alcool et sont beaucoup plus vite saouls que les occidentaux.



Tant qu'on est assis, pas de problème.

Mais pour le retour, là...

Même si on est sur l'eau,
avec la vitesse et le traffic...

J'étais un peu vert...

Et pas à cause de l'alcool que j'avais moi-même ingurgité...



Ooops...

Pilote ! Non, tu ne vois pas double,
il y a deux pirogues, deux !

Vise au milieu ! Au milieu !

Aïe-aïe-aïe...

Chaud, devant ! Chaud !

Les arroyos... Que de bons souvenirs !
A ne pas manquer si vous allez dans le Delta du Mékong !




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Page créée le 14 avril 2002 -  Mise à jour le 14 avril 2002

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