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Congo :

Au Parc de la Rwindi - 2



La Rwindi en Jeep : c'est mieux !

Après ma première visite accompagné, rien ne s'opposait plus à ce que je reparte seul en brousse, particulièrement à la Rwindi.  Le fait que le parc soit sauvage et peu administré ne me gênait pas, au contraire : c'est ce qui m'y attirait !



Ma Jeep sur une piste.
Comment ?
Vous ne voyez pas la piste ?
Pourtant elle est là !

Bien sûr, cela impliquait une certaine préparation : la piste à cette époque était vraiment très mauvaise et on ne savait jamais combien de temps il faudrait pour parcourir les 120 km de Goma au camp de base de la Rwindi...

Records 1990-1991 : le plus rapide en 3 heures (Rolf) et le plus lent en une semaine (un coopérant de Kinshasa).

Voyez-vous, cette piste était vieille et peu entretenue.  Elle serpentait au milieu des volcans, de la savane et de la jungle, faite de terre, de gravillons, de roche de lave (là où elle avait été recouverte lors des éruptions depuis sa construction), de boue, de "tôle ondulée"...

Une constante : les trous.  Naturels, ou creusés et remplis d'eau.  Pourquoi ?  Pour que les habitants du voisinage aient l'occasion de se faire un peu d'argent en sortant votre véhicule de la boue !



Le problème est qu'il y a des trous, et donc des flaques d'eau, absolument tout au long de la piste.  Si on ne veut pas mettre une semaine à faire le trajet en s'arrêtant pour sonder chaque flaque, il faut se fier à son instinct.

Sans rouler trop vite bien sûr, puisque l'instinct et les conditions de freinage sont pour le moins empiriques.

C'est ainsi qu'en approchant à 50 km/h de cette flaque sur la photo, j'ai été pris d'un doute et je me suis arrêté.  De loin, elle a pourtant l'air d'une simple flaque, amusante à traverser en faisant jaillir la boue et en rigolant...

La piste est plate est dégagée, la flaque n'a pas l'air profonde...

Une simple flaque d'eau ?


Voyons ça de plus près...



La "simple flaque d'eau"
fait plus d'un mètre de profondeur !

Pratique, l'instinct.  Je m'imagine bien, complètement enfoncé dans la "flaque" avec un hippo de trois tonnes sur le capot de ma Jeep de 700 kg...

Ce trou illustre également de par son origine probable le plus grand ralentisseur de cette piste : les camions.

Comme dans tout pays pauvre, les camions se doivent de rentabiliser le moindre centimètre cube.  Ils sont donc très mal entretenus, bourrés (le chauffeur répond d'ailleurs souvent à ces deux conditions lui aussi), avec même des passagers et leurs bagages sur le toit.

Sur cette piste, des camions s'enfoncent régulièrement dans la boue et sont bien sûr très difficiles à sortir de leur trou.



S'il n'y a pas de place sur le côté, on doit attendre.  Plusieurs jours parfois...  J'ai vécu ce genre de blocage plusieurs fois, mais j'ai eu de la chance : deux fois j'ai été prévenu et j'ai pu prendre une autre piste (que je ne connaissais pas, c'était de la folie !), une fois le camion était là depuis quelques jours et était en train d'être dégagé avec le bulldozer transporté sur un autre camion, une quatrième fois...

Il était tard et je savais que je devais arriver au campement sur la colline avant la tombée du jour, car de nombreuses bandes armées sévissaient la nuit sur cette piste (en 1991).  De plus ma batterie était morte : impossible de redémarrer par moi-même si je devais m'arrêter.  A une bonne heure de ma destination, la poisse : un camion a cassé son essieu et bloque toute la piste.  Il ne reste qu'un passage de deux mètres environ, un genre de rigole naturelle.  Plus à droite, le talus.  Le tout pour le tout : je me lance.  Au début, ça passe.  La Jeep penche fortement, mais c'est bon jusqu'à ce qu'elle s'enfonce trop dans la boue...  Elle se couche, se retourne presque...  Deux jours avant j'avais fait faire un arceau de sécurité avec des bouts de tuyaux soudés ensemble : OUF !

Me voilà dans le potopot, pour rester poli.  Sans compter mes petites affaires, mes provisions et le diesel de mes jerrycans qui se mélangent joyeusement dans mon dos.  J'ai oublié comment on dit "Venez !  Venez !" en swahili, mais à l'époque mes cellules cérébrales étaient en pleine forme et je ne me suis pas privé de les employer.  C'est toujours magique : vous vous croyez seul, et boum, tout le monde sort du bois...  Une trentaine (hé oui) de gars remettent la Jeep sur ses roues (avec moi dedans) et nous sortent de là, mais...  Oh non !  Ces andouilles me remettent derrière le camion !

En plus le moteur est arrêté...  "Bon, j'explique, les gars : vous me poussez en arrière, puis en avant pour démarrer à la poussette, d'accord ?"  "D'accord patron".  Quelques minutes plus tard, j'ai une Jeep dég... avec un moteur tournant qu'il ne faut plus arrêter, bibi couvert de nourriture et de diesel, et une trentaine de gars à payer autour.  J'avais heureusement suivi le conseil de Danielle et préparé quelques dizaines de petits billets au cas où.  Distribution générale, puis...  "Ecartez-vous !"  Je fonce.  Et cette fois-ci, je passe.

On ne part donc pas en brousse sans préparation et le coffre vide...  La malle que j'avais boulonnée à l'arrière de ma Jeep contenait 150 litres de Diesel, des outils, des provisions, un sac de couchage et bien sûr des vêtements.  Pas d'arme : de toute façon, je ne saurais pas m'en servir, du moins pas assez vite.

La seule chose qui manquait : des cartes !  Il n'en existait pas et là aussi donc, il fallait se fier à son instinct et à la "tradition orale" ;)  Aujourd'hui encore, je ne comprends pas comment j'ai fait pour ne jamais me perdre, prenant plus d'une fois des pistes inconnues ou abandonnées depuis longtemps, souvent invisibles sous la végétation pendant plusieurs kilomètres, réservant leur lot de trésors et de frayeurs (dont une autre de ces pistes boueuses dans la montagne, avec ma mère cette fois : on se serait crus sur une piste de bobsleigh, avec la Jeep comme Bob)...


Arrivée

OUF.

L'accueil est bon :

Le petit pont juste avant le camp de base de la Rwindi est le royaume des babouins.

Celui qui n'a pas peur de s'y arrêter est toujours bien accueilli par ces singes farceurs et, disons-le, franchement voyous.

"Youpi !  Une Jeep !  On va s'amuser !"


"Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?"

Ils sont un peu intimidants au premier abord, avec leur impressionnante gueule canine et leur attitude impertinente...

Mais sans aller jusqu'à leur faire de "guili-guili" je n'ai pas eu de problème avec ces petits drôles.

Si on leur pardonne leurs petits larcins bien sûr...

Ils ont toujours réussi à me piquer des trucs
(le plus souvent de la nourriture) malgré ma (bienveillante) vigilance et malgré diverses "protections" (sac ou frigo-box bien fermé).



Je me suis toujours arrêté là,
et me suis toujours bien amusé.

Eux aussi : une Jeep c'est rigolo, il y a plein d'endroits où s'accrocher, ça ne se ferme pas...

C'est bien mieux qu'un de ces 4x4 modernes !


"Allez, on part, dis, on part ?"


"Vroum !  Vroum !  Tût-tût !"

Tiens, sur cette photo, on voit bien la bosse sur mon capot, souvenir d'une charge d'éléphant.

Meûh non, l'éléphant ne s'est pas assis sur mon capot.  C'est moi qui me trouvait assis sur le rebord du pare-brise, filmant les éléphants, puis celui qui nous a chargés.  Vu dans le viseur de la caméra, c'était super !  Seulement voilà : lorsque j'ai ouvert l'autre oeil, j'ai eu la présence d'esprit de sauter sur le capot, puis sur le sol, puis sur mon siège, puis sur l'embrayage et l'accélérateur...

Même au zoo, je n'ai jamais vu un éléphant d'aussi près !  Mon garde pourrait vous confirmer que l'éléphant touchait l'avant de la Jeep tandis que je reculais le pied au plancher !  Heureusement qu'ils abandonnent quand ils vous voient fuir !



Tant d'aventures, de souvenirs...

Vous n'en croyez sûrement pas la moitié, du moins si vous n'avez pas été en Afrique...  Tant pis !

Je pense d'ailleurs que si j'y retournais, je serais beaucoup plus sage.  Quoique...;)

Encore un souvenir de piste ?  Au début de cette première sortie en brousse tout seul, j'étais bien prudent et je roulais lentement, appréciant la puissance de la Jeep pour grimper sur la roche de lave, passant en douceur les différents obstacles.

Puis, me sentant plus téméraire ("Bâh, c'est facile !" ;)) j'ai accéléré, et j'ai vraiment "pris mon pied" avec cette merveilleuse petite bagnole presque indestructible : j'ai foncé dans un nuage de poussière et de boue (selon les endroits), glissant, sautant, rigolant...

"Hmm...
Je sens qu'il y a quelque chose
à manger, là-dedans !"


P'tite tête, grande... ;)

Indestructible, la Jeep ?  Sans doute, si on fait exception des accessoires...  Une (très) grosse bosse, un (très) grand saut...  J'ai peu scientifiquement mesuré que mes roues ont décollé de plus de deux mètres, mais je n'oserais pas le jurer.  Peu importe.

Je me suis arrêté pour voir...  Le liquide qui s'écoulait sous la Jeep ne provenait pas seulement d'un de mes jerrycans qui s'était ouvert : il y avait aussi l'eau du radiateur !

Bon, je suis tout près de la plantation de Katale, chez Nelly et Ernest ; cet amoureux des Jeeps va me réparer cette durite en un tour de main.  Redémarrons.

Heu...  Plus de batterie non plus ?  Aïe.

Bon, laissons-nous descendre et redemarrons...

Verdict d'Ernest : le choc, en retombant après le saut, avait cassé une durite et fait descendre un des éléments de la batterie : court-circuitée !  J'ai donc calmé mes ardeurs ;)

Bon, vous en avez ras-le-bol de mes histoires de Jeep et de babouins ?  D'accord, on va voir les autres animaux.



Que diriez-vous d'un buffle ?

Un beau buffle, adulte, costaud et tout et tout ?

Non ?

Et s'il est déguisé et porte une perruque ?

Meûh non, il n'est pas homo...

Quoique ?  Peut-être, après tout.  Et alors ?

C'est pas parce qu'on est tout nu
qu'on ne peut pas être coquet !


"Diantre !  Que me veut
cette étrange bête rouge et puante ?"

Ou alors un lion ?

Tout le monde aime les lions : ce sont les vedettes du monde sauvage.

Celui-ci est un mâle encore assez jeune, superbe, rencontré sur une piste peu fréquentée.

La preuve : il est au milieu de la piste !
Vous l'aviez remarqué bien sûr.

Ce lion semble solitaire, pourtant je l'ai revu plus tard avec une lionne.

Et comme il est roux, il est encore plus beau.
Vive les roux !



Mais seul, il est bien entendu beaucoup plus dangereux.  Les photos sont prises sans zoom, mais de l'intérieur de la Jeep !

La protection est illusoire car il n'y a qu'une bâche pour nous couvrir, mais en réalité m'a-t-on expliqué, tant que l'on reste dans un véhicule, le lion ne nous perçoit ni comme une proie ni comme un prédateur : il ne voit qu'une masse métallique, sans intérêt pour lui.

Le garde qui m'accompagne ne lâche
quand même pas son fusil !

"M'enfin, j'avais trouvé un coin sympa pour la sieste,
et voilà cette grosse bête qui me tourne autour !"


"BON !  CA SUFFIT MAINTENANT !  COMPRIS ?"

Il faut dire que

(1) C'est son boulot ;

(2) Il tient à lui ;

(3) Il tient à moi :

Je l'engage chaque fois que je suis dans la région !  Au bout de l'année, je lui aurai payé tout le toit de sa maison...

Bon, notre lion voudrait un peu de tranquillité, allons voir plus loin.



Oôôh...

My, oh My..

Pas l'air commode celui-là !

Un hippopotame solitaire et hors de l'eau, 
c'est plus dangereux qu'un lion !

Laissons-le brouter...



"Dis patron, si tu prends pas la photo vite-vite
je vais me faire manger, moi !"

Tiens, je ne vous ai pas encore montré cet élément courant du paysage de la Rwindi.

Mais non, pas le garde !

Une termitière.

Celle-ci est assez imposante (non, ce n'est pas mon garde qui est petit, il est aussi grand que moi - 1m86- c'est la termitière qui est...  Bon, bref !)

Combien de millions de termites dans celle-ci ?

Je n'ai pas été creuser...



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Page créée le 10 juin 2001 -  Mise à jour le 10 juin 2001

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