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Louisiane
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Middle School | |
BURAS
MIDDLE
SCHOOL |
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B.M.S.
SHARKS | Mon école de
l'après-midi, se voulant sans armes et sans drogues mais pas sans ses deux profs
de français... |
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Je
me souviens...de nombreuses après-midi passées à chanter, danser et crier pour
encourager l'équipe de football de l'école... | Un
repère de requins ?Dirigée par Mme Carmen Ingraham, cette
"école moyenne" (début du secondaire, de la 6e à la 8e année) en a la
réputation, comme beaucoup d'entre-elles en Louisiane. A
la différence de Boothville-Venice (avant 1993), cette école a toujours marqué
son intérêt pour avoir deux profs de français, un luxe si l'on pense au petit
nombre d'élève et à la faible motivation très apparente de ceux-ci pour
la langue de Molière et de Zidane (sic). J'y ai enseigné
avec Bella (Belge) en 93-94, avec Sophie (Belge) en 94-95, et avec Daniel (Québécois)
en 95-96 et 96-97 (chacun deux classes). |
Premiers
jours En
août 1993, après un bon accueil, on me confie la tâche suivante : 1.
Recruter deux groupes d'élèves volontaires, pour deux séances chaque après-midi,
et changer de groupes tous les deux mois (!). 2. Garder
ces élèves pendant toute la durée de la séance dans la "salle de cours",
c'est à dire le laboratoire de sciences, et ne pas faire exploser ledit laboratoire. J'ai
donc fait inviter les volontaires, par les hauts-parleurs qui se trouvent dans
toutes les classes et qui interrompent souvent les cours pour diverses annonces,
et me suis retrouvé avec près de 100 joyeux drilles dans le fameux laboratoire... J'en
ai sélectionné un premier groupe pour chaque niveau, et me suis préparé mentalement
à une année difficile. |
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Avant d'entrer, je faisais le vide dans mon esprit. Je
me "retrouvais" à la sortie des cours, sur le parking : c'était ma
façon de me préserver. | 1993-1994
: Pierre en enferJ'ai dû maudire cette école au moins 100
fois cette année-là, et particulièrement durant le premier semestre. J'en
garde des souvenirs de boules puantes, de punitions à la pelle, de leçons inutiles,
de collègues qui pleurent... Mais aussi de quelques élèves
prometteurs, à leur niveau... Et de ma réaction : ça ne marche pas ?
Travaillons encore plus. Complètement fou. Une expérience
mémorable, mais une année très dure et très éprouvante. Vais-je rester cette
année ? Vais-je continuer l'année prochaine ? |
Ca passe ou ça (me) casse...Août
1994 : beaucoup de collègues sont partis, mais je suis resté. Cette
fois, j'ai l'avantage de savoir à quoi m'attendre si j'entre ici comme l'année
passée, et je n'ai pas l'intention de me jeter ainsi dans la gueule du loup.
D'abord,
Mme Ingraham me donne de meilleures conditions de travail : une vraie salle de
classe, et la possibilité de garder les élèves qui le désirent toute l'année.
Ensuite, je discute avec elle et mes collègues américains d'un nouveau plan de
discipline et de travail. Enfin, j'aborde les candidats à mon cours de façon
bien différente... En résumé : "Vous êtes dans ma classe
de français. Si vous y êtes venus pour y chahuter ou bavarder avec vos amis,
vous aurez plus d'ennuis que vous n'en avez jamais eu, alors vous feriez mieux
de sortir tout de suite et de choisir un autre cours ; sans rancune. Si
par contre vous êtes venus pour apprendre le français, de façon amusante dans
la mesure du possible, je vous souhaite la bienvenue". Et à chacune
des sélections durant les trois années suivantes, c'est à ce moment que 60% des
candidats se désistaient... |
Rassurez-vous
: ce n'était pas leur façon habituelle de me saluer en entrant dans ma
classe ;o) |
Parmi les autres, je sélectionnais
mes élèves sur base de mes impressions et de celles de leurs titulaires.
Je prenais assez souvent des "risques" avec des élèves dont la réputation
était mauvaise, et c'est ainsi que j'ai eu quelques-uns de mes meilleurs élèves.
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1994-1997 :Trois années passionnantesDures,
oui, car une "Middle School" reste une "Middle School", et
celle-ci est dans une zone rurale qui n'offre à ces jeunes ados aucune posssibilité
de distraction à part la pêche, la chasse, les jeux vidéo, le téléphone et les
balades en "four wheelers". Mais passionnantes, surprenantes,
motivantes... A nouveau, cette impression qu'un trésor se cachait sous ces
masques de teenagers américains, qu'un peu de tactique pédagogique pouvait révéler. J'ai
alors également vu sous un autre jour mes collègues américains, que j'avais bien
mal jugés la première année : je n'avais pas compris qu'une "Middle School"
(et celle-ci en particulier) est un autre monde, et que je devais réapprendre
à enseigner pour y survivre et pour y être vraiment utile. |
Le Vietnam,
déjà...Buras est l'un de ces endroits au Etats-Unis où
vit une communauté vietnamienne. Mon premier contact avec eux fut
par l'intermédiaire de Hung (photo), que l'on m'a demandé de prendre dans mon
cours de français lorsqu'il a débarqué, ne parlant pas un mot d'anglais (ni de
français bien sûr). L'idée m'a paru bizarre, mais j'avais d'autres préocupations
et j'ai accepté. Voilà donc Hung dans ma classe, me suivant avec un petit
enregistreur de poche... Hung est devenu l'un de mes meilleurs
élèves, et a rapidement été rejoint par plusieurs autres vietnamiens de l'école.
Nous nous sommes rendus compte que pour eux, mon cours de français était très
valorisant : doués pour les langues, ils y dépassaient la plupart des élèves
américains, alors qu'ils avaient de grosses difficultés à suivre les autres cours,
donnés en anglais ! |
A
la fin de l'année scolaire, Hung voulait absolument une photo de son prof de
français pour montrer à sa famille, à Hanoi. |
Que dire de plus ?En 1993, je vous aurais
dit "Buras Middle School est le plus mauvais établissement scolaire que je
connaisse". Ah, la subjectivité humaine... Les apparences... Ces
quatres années m'auront énormément appris en tant qu'enseignant, en tant qu'éducateur
et en tant qu'être humain. Je ne dis pas que je voudrais revivre cette expérience,
car elle fut tout de même très dure, mais je ne la regrette en aucune manière. Mon
seul regret : ne plus avoir aucun contact avec mes ex-collègues et élèves, au
contraire de Boothville-Venice. Mais j'en garde heureusement les souvenirs
et l'expérience... Un trésor... Un dernier souvenir
pour la fin ? Tous les jours, j'avais des grenouilles dans ma classe (le
terrain était marécageux)... Ca aussi, c'était un signe précurseur pour
le Vietnam*...
* "Une Petite Grenouille" est
la méthode employée au Vietnam dans les classes bilingues
de 1e, 2e & 3e année.
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Page créée le 13 juin 1997 - Mise à jour le 14
octobre 2000
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