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Phnom Penh
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Cambodia
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"C'est pas trop tôt
!"M'a dit mon ami Paul Lambiotte, "Depuis
le temps que je t'invite !" Mon 100 000e visiteur (voir
ici) avait bien raison, et je me suis
donc enfui du Vietnam pendant le Têt (après cinq ans, ça devient
fatiguant) pour le rejoindre au Cambodge pendant une dizaine de jours. Lecteur,
prends bonne note de ce fait : je n'ai pas passé beaucoup de temps au Cambodge,
ne prends donc pas tout ce que je vais écrire ici comme la parole divine
;) |
PP à PP (PoPaul à Phnom Penh) |
Phnom PenhM'a plu d'emblée. Contrairement à ce qu'en
disait le vieux gredin, j'ai trouvé la ville calme mais pas trop, agréable,
avec une circulation moins dense et beaucoup plus organisée qu'au Vietnam,
où klaxonner n'est pas un tic nerveux affectant toute la population. Mais
surtout, même dans cette capitale, les gens m'ont paru vraiment sympa, honnêtes
pour la plupart, avec de vrais sourires. Et l'on n'y est pas constamment ennuyé
par des démarcheurs de toutes sortes, je vous assure que ce simple fait
peut vraiment reposer quelqu'un...
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Disons enfin que par rapport au Laos et au Vietnam, c'est ici que la Francophonie
est la plus visible. Sans parler des cigarettes "Alain Delon"
ou "Bonjour", la plupart des édifices publics sont identifiés
en khmer et en français ! Et à l'aéroport, c'est en
français qu'on a repoussé le billet de 20 dollars que je présentais
pour payer mon visa : "Pour vous c'est gratuit monsieur, vous avez un passeport
officiel !" Hmm... J'aime déjà ce pays ! |
"Tourismons..."Vendredi : Paul au bureau (héhéhé
;)) et moi dans la ville. Commençons par quelques vues agréables
: d'abord le Palais Royal. J'y arrive après une chouette balade à
pied le long du Mékong et ne suis pas déçu : le site est
superbe, les bâtiments somptueux et bien entretenus, je ne sais plus vers
où tourner mon appareil photo. Reconstruit au XXe siècle, le
palais avait pourtant été pillé par les Khmers rouges et
envahi par la végétation sous leur régime ! | |
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Surprise...Non, la photo n'est pas truquée : face au bâtiment
administratif royal, comme un cheveu dans la soupe, le pavillon Napoléon
III. Incongru mais joli, une architecture en fer style "Tour Eiffel à
Versailles"... Encore quelques mètres à gauche, et me
voilà admiratif devant la Pagode d'Argent. D'argent car son sol est composé
de 5000 carreaux de ce joli métal, sur chacun desquels les Français
avaient fait graver des fleurs de lys ! |
Bouddha
de jade, Bouddha d'or...La pagode en possède plusieurs centaines.
Bouddhisme du Petit Véhicule (Hinayana) coloré, sans déification,
incitant à la méditation... On s'y laisse volontiers aller !
Et partout le même accueil, simple, chaleureux, dans un respect mutuel
et souvent...en français. Je me suis tout de suite senti bien au Cambodge,
et cette impression ne m'a pas quitté jusqu'à mon départ.
Mais là, je ne suis pas encore parti... :) | |
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Ayant trouvé un moto-dop sympa et honnête (et je vous assure qu'il
y en a beaucoup !) j'ai poursuivi mes balades dans la ville (Monument de l'Indépendance,
parcs, Wat Phnom, marché central...) en me réservant tout de même
le temps des repas avec mes hôtes, Paul et Channa. Ce n'est qu'après
m'être offert une première bonne impression de Phnom Penh et de ses
trésors que j'ai été me faire une idée de ce que les
Cambodgiens ont enduré pendant de si longues années... Une
petite fenêtre sur le passé... |
Tuol Sleng - Prison "S-21" des Khmers rouges
Après avoir subi la guerre menée
chez eux par les grandes puissances, les Cambodgiens se sont réveillé
sous le régime Khmer rouge en avril 1975. La liesse de la "libération"
cède la place à la terreur : en moins de deux jours, les deux millions
d'habitants de la capitale sont déportés vers les campagnes tout
comme ceux de toutes les autres villes. La plupart devront travailler comme
des esclaves dans les rizières, tandis que les militaires seront exécutés
et que les fonctionnaires et intellectuels seront "parqués" dans
divers camps. L'un de ces camps est "Tuol Sleng", que l'on peut
traduire par "Colline empoisonnée" ou par "Colline de ceux
qui connaissent leur culpabilité". C'est là que les Khmers
rouges ont établi le camp S-21, le plus secret, dans les quatre bâtiments
d'un ancien lycée de Phnom Penh. |
Les
balcons sont fermés par du barbelé pour que les prisonniers ne puissent
pas se suicider |
Les salles du 2e
étage servaient à la détention des familles qui étaient
groupées, numérotées, et enchaînées sur le sol
en béton.
Aux
étages inférieurs, les salles étaient divisées en
cellules individuelles de 1.5 m², sauf dans le bâtiment B où
se trouvaient les salles de torture.Les gardes avaient entre 10 et 15
ans, et sous l'endoctrinement de leurs aînés, devenaient rapidement
beaucoup plus cruels que les adultes.Personne ne s'est échappé
de Tuol Sleng.A la libération du camp, il y avait sept survivants... |
Les prisonniers venaient de tous horizons : familles entières (bébés
y compris) d'ouvriers, d'intellectuels, de ministres et de diplomates cambodgiens,
mais aussi des étrangers (Indiens, Pakistanais, Anglais, Américains,
Canadiens, Australiens...) Le simple fait de porter des lunettes (y compris
pour les enfants) était suffisant pour être considéré
comme intellectuel et donc, "à exterminer". Les Khmers
rouges fichaient soigneusement, avec photo, tous leurs prisonniers ce qui permet
de savoir qu'au total environ 10 500 prisonniers y sont resté trois
mois en moyenne, en plus des 2000 enfants qui y ont été tués. Je
ne vous détaille pas le règlement, qui va de "Il vous est
strictement interdit de contredire les gardes" à "Avant
de bouger, même pendant votre sommeil, demandez la permission"
en passant par "Vous ne pouvez absolument pas pleurer ou crier pendant
que vous êtes fouetté ou électrocuté". A
4h30, heure du lever, l'horreur commençait... |
Ce génocide
a fait plusieurs millions de morts... Le point clé de l'idéologie
Khmer rouge ("Angkar") était simple : "Un million de jeunes
est suffisant pour construire le Kampuchea nouveau"... La visite de
Tuol Sleng est effrayante, mais indispensable pour comprendre un peu mieux le
Cambodge. Espérons que les autorités puissent maintenir ce lieu
comme témoignage pour les jeunes générations, qui ne manquent
d'ailleurs pas parmi les visiteurs, effarés de découvrir le barbarisme
de leur Hitler local, Pol Pot. Voir le site Web du Centre
de documentation génocidaire avec notamment un chapitre sur Toul Sleng.
NB : ayez des billets de 500 ou 1000 riels sur vous pour les mutilés
à la sortie, ils n'ont que ça pour vivre. Et n'hésitez pas
à discuter avec eux, ils sont sympas, intéressants et...blagueurs
! |
La géographie du Cambodge revue par les Khmers rouges : crânes,
os et fleuves de sang... | Bien, il fallait en parler.
Mais comme tous les autres pays, le Cambodge ne se résume heureusement
pas aux épisodes malheureux de son histoire. Continuons.
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Samedi : Paul et Channa sont en congé, on va se balader à une
vingtaine de kilomètres de Phnom Penh, sur L'île de la soie.
Voiture, bateau puis "pedibus gambus". Le fait que mes hôtes soient
membres assidus du HHH (Hash House Harriers - des joggeurs invétérés
avec lesquels Paul a déjà fait plus de 250 courses) ne m'avait pas
inquiété, j'attendais cette visite hors des sentiers battus et rebattus
par les touristes avec impatience. J'avais oublié un détail : j'aime
bien marcher, mais actuellement je manque d'entraînement... |
"C'est encore loin, chef ?"Etait la phrase favorite de mes
louveteaux pendant les hykes, et j'ai dû pas mal leur ressembler là,
sur le temps de midi dans la campagne cambodgienne... Heureusement Channa me soutenait
activement en répétant "J'ai faim" ! Notre cher
Paul nous répondait invariablement "Encore un kilomètre, je
reconnais cette cabane (cet arbre, cette motte de terre...)" Oui mais
voilà, ce zouave s'était trompé (?) de bateau et nous avons
donc marché environ 7km, de midi à deux heures, sous le regard hilare
des habitants qui faisaient la sieste à l'ombre. Grrr ;) Voilà
qui devrait m'encourager à reprendre un peu d'activité physique,
hmm ? Bof... | |
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OUF. On arrive à la petite gargotte "du fond de l'île"
et nous nous installons à une petite table sous les banians, tandis le
le tenancier part en moto nous chercher du riz, du poulet et quelques légumes
dans une autre gargotte encore plus loin. Dès son retour, en l'absence
de couteau, Paul nous déchire joyeusement le coucou, que nous dégustons
avec le Coca tiède plutôt que la bière chaude. Un peu
ragaillardis, nous repartons pour une balade dans la campagne. Pas un seul touriste
en vue :))) Les paysages sont magnifiques, entre Mékong, champs et
rizières ;et sous presque toutes les maisons sur pilotis on admire les
couleurs, toutes différentes, que nous offrent les métiers à
tisser la soie. |
"Si on prenait des motos-dop pour
la suite ?" demande Paul. Moi, innocemment : "Ben oui, si tu veux..." Pfiuu.
Nous remontons vers le Nord de l'île en moto, puis la coupons en son centre
par un chemin superbe mais qui oblige les motos à se débarrasser
de leurs fardeaux (nous) de temps à autres lorsqu'il y a trop d'eau ou
de boue (et nous sommes en saison sèche !) Là aussi la destination
en vaut la peine : la pagode des femmes ! La bonzesse supérieure, un peu
francophone, nous fait découvrir l'endroit. Ici aussi, les Khmers rouges
ont voulu décapiter Bouddha, mais celui-ci n'en a gardé que quelques
entailles sur son massif cou en pierre. |
Un enfant cambodgien sait ce que "donner un coup de main" veut dire... |
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Après la pagode des femmes, la pagode des hommes, puis nous retrouvons
notre point de départ en fin d'après-midi pour attendre le bateau. Je
suis crevé, mais quelle chouette journée ! Vite une bonne
douche après le retour vers Phnom Penh en moto-dop, après quoi je
prépare mon sac pour le lendemain. Restau le soir, bien sûr,
où l'on rencontre beaucoup d'amis de Paul et Channa. Bon, au lit
: faut se lever tôt et être en forme... |
Phnom Penh - Siem ReapImpensable d'aller au Cambodge sans aller à
Siem Reap, la petite ville proche des temples d'Angkor... Comme on me l'avait
conseillé, j'ai été prendre le bateau à 7h ce dimanche.
Le "Rambo" (sic) ressemble aux bateaux rapides que j'avais l'habitude
de prendre de Can Tho à Saigon, mais en moins rapide et beaucoup moins
amusant... Je m'étais méfié et n'ai donc pas abandonné
ma place à l'intérieur pour me précipiter sur le toit comme
la majorité de mes collègues touristes. | |
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Au début ils trouvaient ça marrant, style "La croisière
s'amuse sur les klongs", mais au bout de quelques heures ils avaient déchanté,
comme on peut le deviner sur la photo ci-contre. Evidemment, le fait que
leurs sièges à l'intérieur aient été reloués
à d'autres passagers n'était pas fait pour les réjouir, les
voilà coincés sous le soleil. Qu'en plein milieu du lac Tonlé
Sap, d'où l'on ne voit pas les rives, les pilotes montent sur le toit avec
une boussole leur a ensuite fait comprendre qu'ils n'étaient pas sortis
de l'auberge (les pilotes s'étaient perdus - le voyage a duré 7h30
au lieu de 5h). |
Mais là où ils ont juré
(comme moi d'ailleurs) qu'on ne les y reprendrait plus, c'est quand on les a fait
rentrer dans le bateau sous le coup du règlement qui interdit de voyager
sur le toit et qu'ils ont terminé le voyage debout dans l'allée.
Enfin, "debout" est un bien grand mot : le plafond est à 1m70
environ... C'est donc décidé : pour le retour, ce sera l'avion
(45 minutes) ou la charette (4500 minutes ?) Bon, si vous tenez tout
de même à prendre le bateau, visez plutôt les sièges
12 à 28, qui sont moins serrés, et pas trop loin de la clim' sans
avoir le nez dessus ;) En fait, peu importe maintenant : me voilà
près d'Angkor... Le rêve commence ! Ce sera pour une autre
page... | |
Page créée le 2 mars 2002 - Mise à jour le 3 mars
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